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L’accouchement assisté à domicile (AAD)

L’accouchement assisté à domicile (AAD) - accouchement-assiste-a-domicile-le-regard-d-anne

C’est une découverte assez récente pour moi car comme bon nombre de sage-femme diplômée, j’ai appris de la physiologie ce que l’école a bien voulu m’enseigner, c’est-à-dire la mécanique obstétricale de base.

Mais à force de rencontre, de partage, de lecture : je me suis très vite rendue compte que ce n’était qu’une infime partie de l’iceberg. Je me suis également rendue compte qu’entre ce qu’on appelait « physiologie » à l’hôpital et la vrai physiologie naturel il y avait un monde. C’est après tout ça que j’ai décidé que ce n’était pas à l’hôpital que j’accoucherais mais bien chez moi.

Et alors là commence le vrai combat. Car quand tu dis que tu souhaites accoucher à la maison (ou alors ne serait-ce que de ne pas de prendre la péridurale) tu passes un peu pour une Alien… voir parfois une inconsciente. Des questions du genre : Imagines ça se passe mal ? Et tu n’as pas peur ?

Peur de quoi ? Peur d’effectuer un acte naturel qui date de la nuit des temps !?

Redonnons le pouvoir aux femmes

Il faut savoir que pour une femme en bonne santé, dont la grossesse se déroule sans pathologie :

  • L’accouchement est un acte physiologique normal, intime et sécuritaire.
  • La femme a tout ce qu’il faut en elle pour accoucher de son bébé et du placenta.

Aujourd’hui, les femmes ne savent plus qu’elles ont ce qu’il faut pour accoucher, on leur apprend/dis que pour bien accoucher il faut être à l’hôpital avec des moyens et bien entourées de médecins…

Les femmes pour se rassurer, vont dans des structures où les protocoles effaces souvent l’individualité, où la peur de la pathologie amène le non-respect de la physiologie naturel et induit parfois ce qu’elles redoutent, à savoir la pathologie.

-> Finalement on redoute plus une minorité des accouchements à défaut de la majorité.

-> Une vision maximaliste du risque (cela veut dire qu’à priori toutes grossesses est à « haut risque ») entraine une surmédicalisation des grossesses physiologiques (soit 80% des accouchements) et un interventionnisme susceptible d’entrainer des complications pour la mère ou l’enfant. En fait l’excès de surveillance peut devenir iatrogène.

-> De plus en plus d’études montrent qu’il est plus sage de partir du principe que la grossesse est un évènement à priori physiologique qu’il faut surveiller.

« La liberté d’accoucher comme on le souhaite n’a de saveur que si elle se déploie sur un terrain sécurisé par des dizaines d’années de progrès médicaux (cf. livre intitulé Journal d’une sage-femme).

L’accouchement à domicile à notre époque, qu’est-ce que c’est?

Malheureusement la vision de l’AAD est encore celle d’il y a une cinquantaine d’années, de la « matrone » qui venait avec son savoir, demandait une bassine d’eau chaude et des serviettes. Heureusement la médecine a bien évoluée, ce qui permet à l’AAD aujourd’hui de retrouver sa valeur et commence à se démocratiser dans toutes les classes sociales et perd se côté un peu bobo/marginal qu’il pouvait avoir.

Pour rappel, un accouchement programmé et accompagné à domicile, est un accouchement physiologique, chez une femme en bonne santé, respectant le rythme de la mère et de l’enfant.

Il se déroule à domicile et est accompagné par une sage-femme qui ne médicalise que si nécessaire (apparition d’une pathologie).

-> Vous êtes donc suivi par le même professionnel de santé médical, du début jusqu’à la fin de la grossesse et après. Il s’agit de trouver un professionnel compétent et formé.

Il ne s’agit pas d’accoucher seul à la maison, mais d’avoir un vrai suivi.

-> La sage-femme vient avec tout le matériel nécessaire (que ce soit pour perfuser pendant le travail, pour surveiller le travail, pour la réanimation du bébé ensuite etc…) ce qui veut dire qu’en cas de complication, tout est accessible si besoin et la sage-femme est formée pour réagir à l’urgence.

-> Pour prétendre à l’AAD il faut aussi rentrer dans de nombreux critères : être à moins de 30min de l’hôpital, et avoir une grossesse physiologique. On élimine forcément bon nombre de facteur de risques de survenue d’une pathologie donc !

-> Rien n’est figé ! Un transfert vers l’hôpital/maternité peut avoir lieu à tout moment si la sage-femme pense que cela est nécessaire ou alors si vous changez d’avis.

-> Vous avez un suivi en fin de grossesse dans la maternité la plus proche de chez vous pour qu’ils vous connaisses et que vous y ayez un dossier.

Bien évidemment vous allez me dire que tout ceci est bien gentil mais ce ne sont que des paroles. Alors voici quelques chiffres qui font réfléchir :

1. Premier état des lieux annuel sur l’accouchement à domicile en France!

Les résultats sont édifiants et révèlent que pour l’année 2018 :

La mortalité maternelle est nulle et la morbidité moindre qu’en population générale :

  • Le taux d’hémorragie du post-partum sévère de 0,55%, soit 3,5 fois moins qu’en population générale.
  • Le taux d’épisiotomie est de 0,3%, soit 67 fois moins qu’en population générale
  • 65,6% des femmes ayant accouché à domicile ont un périnée intact à l’issue de la naissance ; soit plus de 2 fois plus ; et dans 11,1% des cas seulement, une suture périnéale a été nécessaire.

Tous les enfants sont nés vivants.

La morbidité néonatale est elle aussi moindre qu’en population générale :

  • 100% des enfants avaient un score d’Apgar d’au moins 7 à 5 minutes de vie
  • Moins de 1% ont nécessité une réanimation néonatale et pour ces cas, leur état a été stabilisé par la sagefemme en attente des secours ; soit 6 fois moins qu’en population générale.
  • 97,8% des enfants sont allaités exclusivement ; soit près du double qu’en population générale.

Les taux de transfert sont semblables aux autres pays industrialisés :

  • 10,5% des femmes ont été transférées en per-partum pour pathologie ou suspicion de pathologie du travail
  • Seul 1,14% des cas était potentiellement urgents
  • 0,7% des enfants ont été transférés en post-partum immédiat et 2,6% des femmes

La sécurité et la bonne santé de la mère et de l’enfant sont donc assurées par la présence et les pratiques de la sage-femme formée à la pratique des AAD. Portant sur plus de 1000 naissances programmées et accompagnées sur cette année, par des professionnelles, les résultats annoncés permettent d’affirmer la légitimé de cette offre.

Si nos résultats sont aussi positifs c’est que la pratique des sages-femmes est rigoureuse et en accord avec les données actuelles de la science. L’Etat des lieux de la pratique réalisé par notre regroupement démontre que : Côté suivi de grossesse et sélection des patientes :

  • 93,5% offre un accompagnement global de la naissance selon la définition de l’Association Nationale des Sages-Femmes Libérales
  • 96% utilisent les critères Haute Autorité de Santé pour le suivi et la sélection des femmes éligibles à l’AAD
  • 100% anticipent un éventuel transfert allant de l’ouverture de dossier anesthésie dans l‘hôpital référent géographiquement à un véritable travail en équipe avec celui-ci

Coté accouchement et suites :

  • 100% sont équipées pour la gestion des principales urgences obstétricales et pédiatriques
  • 100% participent à des actions de formation médicales continues
  • 42% ont un accord avec les hôpitaux (CH) et 20% avec le SAMU pour les transferts

Voici le lien pour retrouver l’étude complète : ici

Ensuite, les chiffres aux Etats-Unis :

Voici les statistiques de The Farm , vous pouvez les retrouver dans le livre : le guide de la naissance naturelle, d’Ina May Gaskin.

3. Mise au point sur les césariennes

Le taux de césarienne en France est de 20%, soit 1 accouchement sur 5 !

(Tout en sachant que dans ses 20% : seulement 1 césarienne sur 2 se fait au cours de travail, soit finalement 1 accouchement sur 10 qui se fait dans l’urgence réelle au moment du travail)

1/3 des césariennes sont programmées (sièges, pathologie …)

De plus dans les facteurs influençant le taux de césarienne : on retrouve en majorité les caractéristiques des maternités et les pratiques médicales… donc des choses qui n’ont rien à voir avec les femmes et leur grossesse.

Si vous souhaitez en savoir plus sur le taux de césarienne : ici

4. Et pour finir le rapport européen sur la santé périnatal

Le 26 novembre 2018 est publié le nouveau rapport Euro-Peristat, projet européen coordonné par l’Inserm, mis en place depuis 2000, et qui rassemble des statistiques de 31 pays sur la santé périnatale en 2015. La comparaison de la France par rapport à ses voisins conduit à un bilan contrasté, avec en particulier une situation maitrisée dans la pratique des césariennes, mais une situation moins favorable pour la mortalité des enfants et la consommation de tabac, là où de nombreux pays observent une amélioration.

  • AAD : 1% des naissances en France
  • Aux Pays-Bas, c’est 1 accouchement sur 6, et le taux de mortalité périnatale est bien meilleure que chez nous. Cela laisse à réfléchir…

Conclusion

Alors si dans les faits les femmes sont libres de choisir où, comment et avec qui elles souhaitent accoucher, il n’en reste pas moins que de le faire à domicile est très difficile d’accès. Cela représente seulement 1% des naissances en France car non intégrée au parcours classique de soins périnataux, cette alternative n’est jamais proposée aux familles. Cette pratique étant bien souvent entourée de préjugés.

Je voulais donc aujourd’hui vous offrir quelques axes de réflexions et taper dans quelques idées reçues car pour pouvoir choisir où vous souhaitez accoucher, il faut faire le tri entre vos peurs et vos envies, entre vos croyances et celle des autres.

Le choix n’est pas facile, il était donc important que vous ayez de nouvelles infos.

Pour votre choix de l’endroit où accoucher, il existe 2 contraintes : « le niveau de risque de votre grossesse et l’offre de soin accessibles où vous vous trouvez.

En France, plusieurs choix sont possibles :

  • Le domicile.
  • Les maisons de naissance.
  • L’hôpital/maternité.
  • Les plateaux techniques.

A vous maintenant de trouver ce qui vous correspond le mieux 

Références :

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